Gilbert Huault (1932 - 2013)
Gilbert Huault est décédé le 28 Août 2013 à l'âge de 82 ans. Cet homme d'exception laisse à la Réanimation, la Néonatologie, la Pédiatrie, et à tous ceux qui l'ont côtoyé un héritage considérable.Gilbert Huault a été élevé dans un climat de difficultés propice au travail acharné. Quiconque le côtoie, reconnaît en lui un médecin qui ne s'accorde aucun repos et exige de son entourage un dévouement sans limite pour l'enfant. Sa manière d'enseigner est de montrer l'exemple : temps et énergie ne peuvent compter face à un enfant en détresse. Rigueur, discipline, intransigeance sont les premiers mots qui viennent à l'esprit. « Noblesse oblige » disait-il à celui qui osait se plaindre. Son école est celle du don de soi, de l'abnégation. Il est disponible jour et nuit, samedi-dimanche, vacances ou pas vacances, gardes ou pas gardes. Combien il était difficile de répondre aux exigences qu'il imposait, combien ses collaborateurs souffraient sous le fouet de son exemple, mais combien ils étaient fiers de compter parmi ses élèves et de mériter sa confiance. Cette rigueur a été le pilier fondateur de toutes les réanimations pédiatriques.Le second mot qui le caractérise est humilité. Huault enseigne que tout travail est un travail d'équipe. Il apprend à ses collaborateurs à connaître leurs limites et à ne s'approprier un mérite qu'au travers le travail collectif. Le fonctionnement de son service est basé sur l'écoute de chacun. Cette humilité est si ancrée en lui qu'il rejette tous les honneurs. Enfin le mot d'humaniste complète ce tableau. Sa vie est fondée sur une indéfectible foi en l'homme. Toujours à l'écoute de la souffrance des enfants, de celle de leur famille, de son équipe médicale et paramédicale, il fait passer le message d'une rigueur dans le travail basée sur la compassion envers autrui. Cet amour du prochain est à l'origine d'une de ses obsessions : il faut « avoir le corrigé du devoir». Il faut savoir ce que deviennent à long terme nos enfants. Sa hantise est de faire survivre un patient dont la vie, et celle de sa famille, sera sans joie et bâtie sur le malheur. En une boutade il définit la réanimation pédiatrique: « permettre aux enfants qui nous sont confiés de devenir un jour une grand-mère ou un grand-père dont la vie aura été heureuse ».Au cours de l'été 1963 se dessine un tournant décisif : G Huault prend en charge un nouveau-né présentant un tétanos ombilical. Pour la première fois, un nouveau-né est intubé et ventilé. L'enfant guérit après 5 semaines de travail acharné. Le pas est franchi : il vient de démontrer que la ventilation artificielle peut être utilisée chez le tout-petit. En 1964, le Pr Thieffry lui propose la responsabilité l'unité de réanimation de son service à Saint Vincent de Paul. Huault va se consacrer entièrement à cette tâche.Fort de son expérience, il veut la faire partager dans un esprit fondamentalement pragmatique. C'est ainsi qu'en 1977, naît l'idée d'écrire un livre avec B Labrune. Cet ouvrage "Pédiatrie d'urgence", deviendra un livre de référence. Traduit en plusieurs langues, il sera le compagnon indispensable des pédiatres, généralistes et internes de garde.Depuis sa retraite, en 1997, il continue de travailler tous les jours à la bibliothèque universitaire. Là encore il montre le chemin aux jeunes étudiants qui le côtoient. A plus de 80 ans il est toujours dans des combats d'avant-garde comme l'organisation du planning familial et la promotion de la médecine pour les plus démunis.Pr Denis DEVICTOR - Bulletin SFN n°3 - octobre 2013